Démographie Infirmière en France : Chiffres Clés et Enjeux de la Profession
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La profession infirmière en France connaît des évolutions marquées ces dernières années tant sur le plan démographique que professionnel. Si le nombre d’infirmières a bien progressé, cette croissance montre aujourd’hui des signes d’essoufflement. Parallèlement, le métier reste majoritairement exercé par les femmes, et les choix de carrière restent stables. Face à des défis tels que l’augmentation des abandons ou l’émergence des infirmières en pratique avancée, le secteur est en quête d’adaptations pour répondre aux besoins croissants de santé publique et garantir une offre de soins sur tout le territoire.
La hausse des effectifs infirmiers marque le pas
En 2021, près de 600 milles infirmières exerçaient en France. Leur nombre a progressé de 10% en huit ans. Cette hausse a néanmoins ralenti ces dernières années.
Plus de 83% des infirmières sont salariées (secteur privé ou hospitalier). Leur nombre a progressé de 7% entre 2013 et 2021, contre 29% de hausse pour les infirmières libérales (IDEL) qui gagnent 2,4 points et représentent désormais 16,5% de la profession.
Une profession majoritairement féminine
Le métier d’infirmier est très majoritairement exercé par les femmes, qui représentent 87% des salariés et un peu moins chez les IDEL (82%).
Le sex ratio est globalement le même au sein de toutes les générations d’infirmiers, qu’elles soient salariées ou libérales.
Les infirmières salariées plus jeunes que celles exerçant en libéral
En 2021, les infirmières âgées de moins de 40 ans représentaient près de la moitié des salariées. Chez les IDEL, cette catégorie d’âge comptait pour un tiers « seulement ».
Parallèlement, le nombre d’infirmières de 60 ans et plus a considérablement augmenté tant chez les salariées (+76%) que chez les libérales (+71%) : on recensait 25 700 salariées en 2021 contre 14 600 en 2013, et 8 800 libérales en 2021 face à 5 100 en 2013. Cette tendance pourrait perdurer, surtout que les abandons en formation sont en hausse chez les plus jeunes.
Des choix de carrières et de secteurs d’activité stables
Entre 2013 et 2021, la répartition des infirmières salariées selon le secteur d’activité est restée largement inchangée. En 2021, 76% des infirmières salariées occupaient un poste au sein d’un hôpital (57% dans des établissements publics et 19 % dans des établissements privés). Parallèlement, 11% d’entre elles trouvaient leur emploi dans des structures ou services sociaux et médico-sociaux (4% dans des établissements publics et 7% dans des structures privées).
De plus, la répartition des infirmières salariées par spécialité a également montré une grande stabilité durant la même période. En 2021, on comptait 79% d’infirmières en soins généraux ou en psychiatrie, tandis que 10% exerçaient en tant qu’infirmières spécialisées (puéricultrices et autres infirmières spécialisées) et 11 % occupaient des postes de cadres (infirmiers chefs, infirmiers généraux, infirmiers surveillants, chefs d’unité de soins infirmiers, infirmiers enseignants, infirmiers hors classe). Ces chiffres témoignent d’une continuité dans les choix de carrière au sein de la profession infirmière au cours de cette période.
Répartition régionale des infirmiers : des disparités marquées
Répartition géographique des IDEL
La Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie, et l’Auvergne-Rhône-Alpes comptent le plus grand nombre d’IDEL. Ce sont les régions avec la plus forte concentration d’infirmiers libéraux.
Il existe une grande disparité dans l’évolution des effectifs selon les régions. Certaines régions connaissent un développement significatif des effectifs des IDEL comme les Hauts-de-France, la Normandie, les Pays de la Loire Grand Est et certaines régions des DROM.
Le nombre d’infirmières libérales a augmenté plus rapidement que celui de la population, entraînant une hausse de la densité de 2,8% en moyenne par an entre 2013 et 2021. On comptait ainsi 146 infirmières libérales pour 100 000 habitants en 2021, contre 117 en 2013.
Cette amélioration de l’offre de soins infirmiers a profité à toutes les régions même si de grandes disparités entre régions persistent, avec une densité bien plus élevée dans certaines zones comme la Corse, PACA et les DROM, tandis que d’autres régions comme l’Île-de-France et les Pays de la Loire restent en bas de l’échelle.
Répartition géographique des infirmières salariées
Grâce à ses nombreuses infrastructures de santé, notamment des hôpitaux, cliniques et centres de soins, l’Île-de-France est de loin la région avec le plus grand nombre d’infirmières salariées et concentre à elle seule 16% de l’ensemble des effectifs. Elle est suivie par Auvergne-Rhône-Alpes (12%), autre grande région avec une forte concentration d’infrastructures sanitaires.
Néanmoins, malgré son effectif important, l’Île-de-France n’a progressé que de 1% entre 2013 et 2021. Les plus fortes augmentation des effectifs salariés sont enregistrées en Corse et dans les DROM.
Le nombre d’infirmières salariées a quant à lui progressé à un rythme plus lent, avec une hausse moyenne de 1% par an entre 2013 et 2020. En 2021, la densité atteint 742 infirmières salariées pour 100 000 habitants, comparativement à 714 en 2013.
Dans l’ensemble des régions, on constate une amélioration de la densité d’infirmières salariées entre 2013 et 2021, exception faite de l’Île-de-France dont la densité baisse de 12 points.
Près de la moitié des infirmières hospitalières changent de voie au cours de leur carrière
Dans une étude, la Drees a analysé les trajectoires des infirmières hospitalières ayant débuté entre 1989 et 2019, révélant qu’après dix ans de carrière, près de la moitié d’entre elles ont quitté leur poste initial ou changé de profession. 17% d’entre elles ont choisi d’exercer un emploi indépendant (infirmière ou un autre métier), dont 10% en tant qu’infirmière libérale à titre exclusif et 2 % à titre mixte.
La maternité n’entraîne pas de retrait du salariat, mais réduit le volume de travail, les infirmières diminuant souvent leur charge pour équilibrer vie professionnelle et familiale.
Le taux d’abandon des études en soins infirmiers s’accentue
Une étude de la Drees révèle l’ampleur du malaise qui règne au sein des instituts de formation en soins infirmiers (IFSI). A peine 3% en 2011, ce sont 10 % des étudiantes en 2021 qui abandonnent leurs études en première année de formation. Ce taux d’abandon est également élevé en deuxième (7%) et troisième année (4%).
Sur l’ensemble de la scolarité de la promotion 2018, elles sont 14% à avoir abandonné leurs études, contre 11% pour la promotion 2011. Ce sont les hommes qui lâchent le plus leurs études (19% de la promotion masculine 2018 vs 13% pour les femmes).
En fin de course, le nombre annuel de diplômées a baissé de 7% pour s’établir à 24 500 en 2021.
Les infirmières en pratique avancée (IPA) : vers une diversification des compétences
Le grade d’IPA (bac +5 de niveau master) a été autorisé par la loi » Touraine » de modernisation du système de santé de 2016. Il a été mis en œuvre en 2018. Pour devenir IPA , il faut d’abord être titulaire du Diplôme d’État d’infirmier (DEI) et avoir exercé au moins trois ans comme infirmière. La formation dure deux ans.
A l’issue du master 1, les IPA peuvent choisir de se spécialiser dans l’une des quatre mentions suivantes : pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires, oncologie, néphrologie, psychiatrie et santé mentale.
Les infirmières en pratique avancée (IPA) sont des infirmières spécialisées ayant acquis des compétences élargies pour prendre en charge des patients de manière autonome dans des domaines spécifiques. Ce métier vise à renforcer la prise en charge des patients et à alléger la charge des médecins en leur confiant des tâches spécifiques sur des pathologies ciblées.
Les IPA, dont le périmètre des actes autorisés n’a de cesse été élargi, exercent soit en milieu hospitalier, soit en ambulatoire, notamment en cabinets médicaux, maisons de santé pluridisciplinaires, ou en libéral. Elles travaillent en collaboration avec des médecins et d’autres professionnels de santé, mais avec un certain degré d’autonomie dans le cadre de leurs compétences.
Selon Conseil national professionnel IPA, 3 100 infirmières ont obtenu leur diplôme de pratique avancée, et 1500 sont actuellement en formation (IEPA).
Plus de la moitié des étudiants optent pour la mention pathologies chroniques stabilisées – prévention et polypathologies courantes en soins primaires (PCS). Un peu moins d’un quart lui préfèrent la psychiatrie et Santé mentale (PSM). Les urgences (U) et l’oncologie et hématologie-oncologie (OH) sont choisies chacune par 10% des IEPA. Enfin, la néphrologie dialyse et transplantation rénale (NDT) a les faveurs de seulement 5% des étudiants.