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État des lieux de la place des femmes dans les postes hospitalo-universitaires en France : évolutions et défis en 2024

État des lieux de la place des femmes dans les postes hospitalo-universitaires en France : évolutions et défis en 2024

Estimation du temps de lecture : 10min

 

Depuis plusieurs années, la question de la féminisation des postes hospitalo-universitaires (HU) en France est au cœur des débats. En 2024, un bilan actualisé du Centre national de gestion, le département de gestion des praticiens hospitaliers confirme que malgré quelques progrès, ces fonctions restent majoritairement occupées par des hommes. La proportion de femmes PU-PH a progressé légèrement pour atteindre 24 %, tandis que celle des MCU-PH s’établit à 46 %, marquant une progression plus notable.

 

Une prédominance des femmes dans les études de santé mais contrastée suivant les métiers et les spécialités

Les femmes représentent une majorité des étudiants en médecine en France. En 2023, elles constituaient environ 64 % des effectifs en première année de médecine, selon la DREES. Dans les formations aux professions de santé non médicales et de sage-femme, cette proportion atteint 84 %.

Toutefois, ces chiffres généraux masquent des disparités significatives lors de l’internat, moment décisif pour le choix des spécialités :

Cette répartition genrée des spécialités impacte directement la composition des postes hospitalo-universitaires. Les disciplines techniquement exigeantes, dominées par les hommes, sont aussi celles où les femmes peinent le plus à accéder aux fonctions HU.

 

Une évolution lente et contrastée selon les spécialités

Les chiffres du rapport 2024 montrent que la proportion de femmes parmi les PU-PH demeure faible, avec une augmentation modeste passant de 19 % en 2018 à 24 % en 2024, illustrant une progression encore insuffisante vers la parité.

Certaines spécialités médicales affichent des disparités notables :

 

Disparités géographiques : des écarts régionaux persistants

Le rapport met également en évidence des différences selon les régions. Les zones métropolitaines, en particulier l’Île-de-France, affichent une proportion plus élevée de femmes dans les postes hospitalo-universitaires, grâce à une plus grande concentration de facultés et d’établissements de recherche.

En revanche, dans les régions moins dotées en infrastructures universitaires, les chiffres sont nettement plus bas, avec certaines régions enregistrant moins de 18 % de femmes parmi leurs PU-PH en 2024. Par exemple, la Bourgogne-Franche-Comté et la Corse comptent moins de 20 % de femmes parmi leurs PU-PH. Cette disparité est attribuée à un manque de mobilité professionnelle et à des opportunités limitées pour les femmes.

 

Un paradoxe marquant : praticien hospitalier versus postes hospitalo-universitaires

Un paradoxe notable persiste : alors que les femmes représentent une majorité parmi les praticiens hospitaliers, leur accès aux postes hospitalo-universitaires reste très limité. En effet, 55 % des praticiens hospitaliers sont des femmes, ce qui démontre une forte féminisation de la base médicale. Cependant, cette présence diminue drastiquement lorsque l’on observe les postes de PU-PH et de MCU-PH, avec seulement 24 % de femmes PU-PH et 46 % de femmes MCU-PH en 2024. Ces chiffres soulignent un véritable frein dans l’accès aux postes hospitalo-universitaires.

Ce paradoxe met en lumière les obstacles structurels qui freinent l’évolution des carrières féminines vers les échelons les plus prestigieux du monde hospitalo-universitaire.

 

Obstacles structurels et culturels à la féminisation des postes hospitalo-universitaires

Plusieurs barrières systémiques freinent encore l’accès des femmes à ces fonctions prestigieuses :

 

Mesures prises pour la féminisation des postes hospitalo-universitaires et impact limité

Depuis 2018, plusieurs initiatives ont été lancées pour améliorer la parité :

Toutefois, l’impact de ces mesures reste mitigé. Les taux de nomination des femmes progressent lentement. En 2024, les femmes représentent 34 % des nominations à des postes de PU-PH et 46 % à des postes de MCU-PH, contre respectivement 28 % et 38 % en 2018.

 

Des figures inspirantes pour changer la donne

Malgré ces constats, certaines femmes ont su briser le plafond de verre et s’imposer comme des modèles dans le monde hospitalo-universitaire. Ces exemples inspirants montrent que des changements systémiques peuvent être amorcés, en réduisant les barrières structurelles et en créant des opportunités pour une nouvelle génération de professionnelles. Ces parcours exemplaires mettent en lumière le potentiel des femmes dans ces fonctions :

Ces figures montrent qu’il est possible pour les femmes de réussir et d’être des modèles dans le milieu hospitalo-universitaire, malgré les obstacles systémiques.

 

Exemple d’initiative prise par le 1er collectif pluriprofessionnel de femmes

Femmes de Santé est le premier collectif pluriprofessionnel de femmes œuvrant dans le secteur de la santé en France. Ce réseau compte aujourd’hui plus de 2 600 membres, dont une cinquantaine d’hommes.

Composition et objectifs

Le collectif rassemble des professionnelles de divers horizons du secteur de la santé, notamment :  Médecins, Infirmières, Dirigeantes, Patientes expertes, Aidantes, Cadres de santé, Étudiantes, Start-uppeuses, Pharmaciennes, Consultantes, Avocates, Secrétaires médicales et Psychologues.

Les principaux objectifs de Femmes de Santé sont :

  1. Co-construire un système de santé plus juste et égalitaire
  2. Faire avancer la santé par l’intelligence collective et la sororité
  3. Remettre l’humain au cœur du système de santé

 

Actions et initiatives

Le collectif mène plusieurs actions pour atteindre ses objectifs :

Femmes de Santé a également rédigé une lettre ouverte demandant au gouvernement une Stratégie Nationale « santé de la femme », proposant notamment la création d’un Institut National de la Santé de la femme.

 

En 2024, le constat dressé en 2018 reste encore d’actualité : malgré les avancées réalisées, les postes hospitalo-universitaires demeurent majoritairement occupés par des hommes. Si certaines spécialités et régions montrent des signes d’amélioration, les obstacles structurels persistent.

Une action renforcée est nécessaire pour éliminer ces freins, notamment en revoyant les critères de promotion et en favorisant un équilibre travail-vie personnelle. Seule une approche globale permettra de réaliser une véritable parité dans le monde hospitalo-universitaire.

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