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Internes, étudiants en santé : préserver et régénérer votre santé mentale

Internes, étudiants en santé : préserver et régénérer votre santé mentale

Estimation du temps de lecture : 7 min

 

Alors que les études en médecine et les stages des internes sont réputés pour leur intensité et la pression qu’ils exercent sur les étudiants, la réalité qui se dissimule derrière est bien plus sombre. Stress, burn-out, idées suicidaires : le quotidien des étudiants et internes en médecine se détériore gravement. Une récente enquête* initiée par les organisations et associations représentatives des internes et des étudiants en médecine, menée auprès de plus de 80 000 futurs soignants révèle une réalité alarmante, dans un système de santé français déjà fragilisé par une crise systémique accentuée par la crise sanitaire du covid-19

 

Un constat inquiétant : des étudiants en détresse

Les chiffres sont alarmants : plus d’un étudiant en médecine sur deux souffre d’anxiété, tandis qu’un sur quatre, traverse des épisodes dépressifs sévères. Pire encore, 21 % des sondés déclarent avoir eu des idées suicidaires, et 66 % des externes et internes montrent des signes de burn-out. »

Cette détérioration reste fondamentalement liée aux conditions de travail. Entre stages hospitaliers épuisants, exigences émotionnelles et violences institutionnelles, beaucoup de jeunes médecins témoignent d’une perte d’espoir. Les établissements de santé, ainsi que les institutions d’enseignement supérieur, doivent faire de la santé mentale des étudiants une priorité absolue.

 

Des violences sexistes et sexuelles persistantes

Une autre réalité s’est également dégagée de cette enquête : les violences sexistes et sexuelles au cœur des hôpitaux et des universités. Près de 22 % des étudiants ont subi des situations de harcèlement, et 6 % rapportent des agressions graves. Ces chiffres mettent en lumière des troubles profonds au sein des structures éducatives et professionnelles.

Les violences sexistes et sexuelles exacerbent encore les souffrances émotionnelles des étudiants et participent à un climat de dégradation de leur santé mentale. La peur de se confier et de signaler ces abus, souvent liée à des menaces de répercussions professionnelles, aggrave encore la situation, et renforce l’isolement des victimes.

 

La précarité financière des étudiants

Outre les violences et l’épuisement généré par les longues heures de travail, la précarité financière inquiète. L’enquête révèle que de nombreux étudiants en médecine peinent à joindre les deux bouts, particulièrement pendant les stages où la rémunération est insuffisante, voire inexistante. Ces difficultés, couplées à des besoins de santé souvent négligés, aggravent leur état psychologique.

Un interne en 2ᵉ cycle témoigne : « Je n’ai pas assez de ressources financières, donc j’ai besoin de travailler à côté. Je suis payé au SMIC horaire dans mon job étudiant, donc j’ai la nécessité parfois de rajouter des heures sup’ pour boucler les fins de mois. Tout cela impactant l’énergie qu’il me reste pour réviser. »

Un externe en médecine en témoigne : “Je n’ai pas assez de ressources financières donc j’ai besoin de travailler à côté. Je suis payé au SMIC horaire dans mon job étudiant donc j’ai la nécessité parfois de rajouter des heures sup’ pour boucler les fins de mois. Tout cela impactant l’énergie qu’il me reste pour réviser.”

 

L’impact du manque de sommeil sur la santé mentale des étudiants en médecine

Le manque de sommeil chronique est un autre facteur aggravant pour les étudiants en médecine. Les gardes prolongées et les horaires irréguliers perturbent leur rythme circadien, entraînant fatigue accumulée et troubles du sommeil. Cette privation de sommeil nuit gravement à leur capacité de concentration, accentue l’anxiété et augmente le risque de dépression.

L’épuisement moral causé par la surcharge de travail et les responsabilités accrues, couplé à une situation financière précaire, crée un climat de découragement. Face à cette pression constante, 10 % des étudiants envisagent chaque jour d’abandonner leur cursus. Cette situation met alors en péril la relève médicale et appelle à une nécessité de révision urgente du système de santé.

 

L’isolement social : un cercle vicieux

La rigueur des études médicales peut également accentuer l’isolement social des étudiants. Entre les cours, les révisions et les stages, il leur reste peu de temps pour maintenir des relations sociales solides. Cet isolement peut renforcer le sentiment d’épuisement et le découragement, créant un cercle vicieux difficile à briser.

En dépit de cela, trop peu d’entre vous semblent s’ouvrir sur leur mal-être. Souvent, tout comme vos confrères plus âgés, vous avez tendance à négliger votre propre santé. La plupart du temps par manque de temps mais aussi sans doute par réticence à exposer vos difficultés ou à demander de l’aide. Pourtant, de nombreux dispositifs existent pour accompagner les étudiants en détresse, dans les universités, auprès des organismes étudiants notamment….

 

Vers des solutions concrètes

Face à ce constat alarmant, plusieurs solutions sont proposées par l’Isni, l’Isnar et l’Anemf pour protéger la santé mentale des étudiants et internes en médecine :

1- Respecter le cadre légal des heures de travail

Respecter les limites horaires légales et réduire les heures de garde excessives. En garantissant un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, les étudiants en médecine pourraient mieux gérer la pression et préserver leur santé mentale.

2- Former les encadrants aux enjeux psychosociaux

Les encadrants hospitaliers doivent être formés aux enjeux psychosociaux et à la prévention des violences sexistes et sexuelles. Ces formations permettraient de détecter plus facilement les signes de souffrance chez les étudiants et de leur offrir le soutien dont ils ont besoin.

3- Promouvoir les dispositifs d’accompagnement psychologique

Des structures d’écoute et de soutien doivent être rendues plus accessibles afin que ceux qui se sentiraient en difficulté y fassent appel, librement et sans culpabilité.

Les relations entre pairs jouent également un rôle essentiel dans la préservation de la santé mentale. Créer des groupes d’entraide ou des structures d’écoute entre étudiants en médecine pourrait briser l’isolement ressenti par beaucoup. Ces espaces de parole, animés par des étudiants formés ou encadrés par des professionnels, permettraient de partager expériences et conseils dans un cadre bienveillant. De plus, des initiatives telles que des événements sociaux réguliers ou des journées bien-être organisées dans les facultés pourraient renforcer les liens et offrir une échappatoire bienvenue à la pression des études.

Le Programme M permet aux jeunes médecins en détresse de bénéficier d’un dispositif d’écoute unique de pair à pair, avec un suivi sur la durée. Le soutien proposé se distingue par sa dimension humaine et son approche bienveillante. Gratuit et confidentiel, il offre aux étudiants et aux internes en médecine un espace où ils peuvent exprimer leurs difficultés sans crainte de stigmatisation.

Contactez le Programme M : 01 40 54 53 77

En savoir plus : www.programme-m.fr

La santé mentale des étudiants en médecine : un enjeu de santé publique

La santé mentale des futurs médecins demeure un enjeu majeur pour l’avenir de notre système de santé. Si rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail des étudiants en médecine, le risque est de voir de plus en plus de jeunes médecins quitter leur vocation, ce qui aggraverait encore la pénurie de soignants dans les hôpitaux. La prise en charge de votre bien-être est non seulement essentielle pour eux, mais également pour la qualité des soins futurs que recevront vos patients.

C’est aussi la raison pour laquelle Groupe Pasteur Mutualité propose aux internes, une assurance prévoyance pour maintenir leurs revenus (y compris gardes et astreinte) en cas d’arrêt de travail, sans sélection médicale. Cela vous permet d’être protégé et de ne pas être exclu, même si vous avez vécu un épisode dépressif par exemple, pendant vos études.

 

* Enquête 2024 sur la santé mentale des étudiant.es en médecine, de la deuxième année à l’internat, réalisée par l’Association Nationale des Étudiants en Médecine de France (ANEMF), l’InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (ISNAR-IMG) et l’InterSyndicale nationale des Internes (ISNI).