Mal-être des étudiants en santé : interview de Laurence Feray-Marbach, fondatrice de la LIPSEIM
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Les étudiants en santé ont peu de répit et ont tendance à « prendre sur eux » la souffrance : ils sont particulièrement vulnérables aux risques psycho-sociaux. Les cas de détresse sont fréquents. Laurence Feray-Marbach fondatrice de la Ligue Pour la Santé des Étudiants et Internes en Médecine (Lipseim) témoigne de son action en leur faveur.
Pourriez-vous nous présenter l’association la LIPSEIM dont vous êtes la fondatrice ?
Laurence Feray-Marbach : La LIPSEIM, ou Ligue Pour la Santé des Étudiants et Internes en Médecine, est une association créée en 2020 en réponse au mal-être croissant des étudiants en santé. Notre objectif principal est de briser le silence autour de la détresse morale des étudiants et de travailler à l’amélioration de leurs conditions de travail et de formation.
Quels sont les principaux défis auxquels ces jeunes professionnels de santé sont confrontés au quotidien ?
LFM : Les défis sont nombreux. Tous les facteurs de risques psycho-sociaux sont au rouge. Nous observons une intensité et un temps de travail excessifs, des exigences émotionnelles importantes liées à la confrontation quotidienne à la maladie et à la mort – sans préparation psychologique réelle –, un manque d’autonomie dans l’organisation du travail, des rapports sociaux dégradés, des conflits de valeurs et une insécurité financière et professionnelle.
« Les exigences émotionnelles. La confrontation quotidienne à la mort, à la maladie, à la souffrance génère des émotions qu’il faut apprendre à gérer »
Quelles actions concrètes votre association envisage-t-elle pour répondre aux risques psycho-sociaux ?
LFM : Nous avons plusieurs axes d’action. Tout d’abord, nous cherchons à sensibiliser sur ces enjeux en rompant l’omerta qui les entoure. Ensuite, nous travaillons à mobiliser l’opinion publique et les responsables politiques pour faire évoluer les conditions de travail et de formation des étudiants en santé. Enfin, nous proposons des actions de prévention et un soutien concret aux personnes en souffrance, ainsi qu’à leur entourage. Nous recevons malheureusement de nombreux appels de détresse, qui laissent à penser que chez les étudiants en médecine la fréquence des suicides est probablement de l’ordre d’un par mois.
Six facteurs repérables de risques psycho sociaux
*Enquête Isni, Isnar-IMG, Snio, et FNSIP-BM 2023 |
Comment comptez-vous remédier à l’absence de prévention dans le cette le domaine des études de santé ?
LFM : Nous avons besoin d’une prévention organisée et structurée. Cela passe par une meilleure reconnaissance des signes de souffrance au travail et par la mise en place de mesures préventives adaptées. Il est essentiel d’agir rapidement pour éviter des drames.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux acteurs du système de santé et à la société en général ?
LFM : Mon message est simple : il est temps d’agir. Nous ne pouvons plus ignorer la détresse des étudiants en santé. Il est de notre responsabilité à tous de créer un environnement de travail et d’études plus sain et plus respectueux de la santé mentale de chacun. La prévention et le soutien sont essentiels pour garantir le bien-être de nos futurs professionnels de santé et offrir des soins de qualité aux patients.
Merci pour cet éclairage précieux sur les enjeux auxquels sont confrontés les étudiants en santé et pour votre engagement en faveur du changement.
LFM : Merci à vous de donner de la visibilité à ces questions cruciales.
Se faire aider
· La LIPSEIM : https://www.lipseim.fr/ · Le Programme M soutenu par Groupe Pasteur Mutualité : du lundi au vendredi de 8H à 20H / 01 40 54 53 77 / contact@programme-m.fr Ces deux programmes garantissent un anonymat total. |
Ces propos sont extraits de l’intervention de Mme Laurence Feray-Marbach au cours de la conférence Le Pitch Villa M « Détresse des étudiants en santé : casser les codes » du 3 avril 2024 (Visionnez la conférence : ICI).
MK